L’OSSUAIRE NÉOLITHIQUE DE MALVAUX
En février 1906, un fermier de Courchamps, découvrait en labourant« un simple trou de 70 cm de profondeur environ, au fond duquel étaient entassés pêle-mêle des os de diverses parties du corps avec des vases en terre cuite noire pour la plupart et quelques pierres taillées en forme de haches et de couteaux ».
La Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois ayant eu connaissance de cette découverte nommait, aux fins d’information, une commission composée de Valotaire, conservateur du musée de Saumur, Denis, instituteur à Courchamps et du Dr Gilbert. Ce dernier rendit compte de l’enquête effectuée dans une note succincte. Il était toutefois indiqué que « deux silex éclatés » avaient été vus chez le propriétaire du champ (M. Jamin) et qu’une « poterie noire » aurait été donnée à M. de Dreux-Brézé.
En juin 1972, Albert Héron signalait l’existence au château de Brézé d’une petite collection préhistorique. Ayant été fortaimablement autorisé par Mme de Brézé et M.de Colbert à examiner cette collection, nous y trouvions la fameuse « poterie noire » bien étiquetée « Courchamps » et une douzaine de pièces néolithiques accompagnées de cette indication : « silex taillés offerts par M. Jamin, trouvés dans
un champ de Courchamps lui appartenant ». Sans aucun doute, il s’agissait d’une partie du mobilier de l’ossuaire découvert en 1900. Poursuivant nos recherches avec l’aide de M. le Maire de Courchamps, nous retrouvions encore chez le petit-fils du propriétaire du terrain les deux silex signalés par le Dr Gilbert. Il nous semble maintenant utile et même nécessaire de revenir sur cette découverte considérée comme irrécupérable depuis soixante ans.
SITUATION ET STRUCTURE
Les indications sommaires du Dr Gilbert et une recherche cadastrale des terrains appartenant à M. Jamin en 1906 nous ont permis de localiser la découverte avec assez de précision. Celle-ci dut avoir lieu à quelque 1300 m à l’Est de Courchamps, à environ 150 m au Nord de la route du Coudray-Macouard (CD. 162), dans une parcelle portant actuellement le n° ZC 77, lieu-dit « Sur le Marais de Malvaux ». De fait,
il s’agit du versant Sud d’une colline dominant le fond marécageux qui porte ce nom.
On peut supposer qu’il s’agissait d’une fosse creusée peu profondément (environ 0,70 m dit le Dr Gilbert) dans le calcaire qui constitue le substratum du plateau. Nous sommes dans une totale ignorance des détails de structure et des dimensions, mais l’importance probable du mobilier laisse supposer une fosse dépassant nettement le gabarit d’une sépulture individuelle.
ANTHROPOLOGIE
On ne peut guère retenir qu’un entassement « pêle-mêle » d’os divers, ainsi que la présence d’un crâne dolichocéphale et d’un autre brachycéphale. Un de ces crânes a été longtemps conservé par la famille Jamin, mais a finalement disparu. Aucune supposition n’est possible sur le nombre de sujets inhumés.
CONCLUSION
La série de ces 16 objets ne représente évidemment qu’une partie d’un mobilier dont l’ensemble nous est inconnu ; nous savons seulement qu’il y avait d’autres haches et d’autres vases. Tel quel, ce matériel constitue cependant encore, derrière celui de Chacé, le meilleur ensemble funéraire néolithique aujourd’hui étudiable en Anjou. Les grandes lames en silex, surtout, y sont brillamment représentées.
L’ossuaire de Malvaux se situe au cœur d’un secteur remarquablement riche en sépultures mégalithiques ou semi-mégalithiques.
Dans un rayon d’une dizaine de kilomètres au Sud de Saumur, on ne connaissait cependant que fort peu de mobiliers funéraires, la plupart des découvertes anciennes étant aujourd’hui perdues ou considérées comme telles. Notons au passage que cet ossuaire occupait le versant sud d’une colline dominant un fond marécageux.
Le pot de fleur de Courchamps permet de placer l’ossuaire à côté de celui de Brézé, dans une phase de la civilisation S.O.M. largo sensu, qui paraît avoir connu une prospérité particulière dans la région saumuroise.